Le Dernier Tsar, sur scène
Me voilà maintenant journaliste d'investigation.
Après mon approche/découverte de leur showcase dans un espace culturel, après avoir appris pas cœur quelques unes de leur chansons (bien pratique pour jouer à Shabadabada, le plus dur après étant de prouver à mes adversaires que telle chanson existe bel et bien), c'est dans son milieu naturel, à savoir sur scène, que je suis allée observer la troupe du Dernier Tsar.
Certes j'avais laissé passer quelques dates, celle de novembre étant trop proche de mon retour de New York et faire le grand écart musical, j'avais déjà testé ça quelques mois auparavant avec Hair version Broadway vs Hair version Trianon à deux semaines d'intervalle sans que ça ne me réussisse vraiment. Puis il y eu une date en janvier mais là, pas le temps, pas le temps, pas le temps.
Puis arriva cette fameuse date à Lens où plus motivée que jamais j'achetai mes places dès l'ouverture des réservations. C'est donc en immersion totale au 2ème rang du Colisée que j'ai pu découvrir dans son intégralité ce spectacle riche en surprises.
Petite piqûre de rappel pour ceux qui auraient la flemme de cliquer sur le lien ci-dessus, Le Denier Tsar est une comédie musicale créée et jouée par des amateurs (accessoirement nordistes) retraçant le destin tragique de l'empereur Nicolas II de Russie ainsi que de sa famille au début du siècle dernier.
Forcément, ne s'agissant que d'un spectacle amateur, il ne fallait pas s'attendre à des décors pharamineux, à des costumes somptueux, à des artistes prodigieux et pourtant...
Les décors y sont simples et convaincants, les costumes plutôt jolis, surtout ceux des filles et leurs coiffures toutes en boucles et chignons n'ont pas laissé la hairophile (=obsédée des cheveux) que je suis indifférente. Quant aux artistes, malgré quelques soucis de justesse dans leur jeu d'acteur essentiellement, je dois bien avouer que ça chantait, et bien !
Mention spéciales aux 4 filles du tsar, aux jolis costumes et aux cheveux bouclés et enchignonnés, qui apportaient tout en finesse la fraîcheur dont le spectacle avait besoin pour éviter de tomber dans le cliché trop facile de la tragédie. Dans Le Dernier Tsar, l'histoire ne s'éparpille pas et c'est en huis clos que l'on assiste à l'infortune de la famille Romanov et de sa cour et à l'introduction dans ce milieu fermé du sombre Raspoutine.
Je fus agréablement surprise de voir que, contrairement à ce que je ne craignais, certaines chansons portaient véritablement l'histoire avec des interactions entre les interprètes et une situation qui avait effectivement évolué à la fin du morceau. Certaines seulement. La majorité faisant surtout office d'explication, de narration ou d'état des lieux. Mais même. Les mélodies restaient efficaces, percutantes, presque rock parfois et c'est avec plaisir que je me suis laissée porter par le spectacle tout entier dont je garde des souvenirs mémorables comme ce magistral duel de voix sur la chanson "Le Grand Echiquier".
Dans le fond, cette troupe n'a rien à envier (si ce n'est les moyens financiers) à certains spectacles professionnels. J'ai vu des comédies musicales à Paris, Londres et même Broadway qui m'ont laissé beaucoup moins d'impressions positives (pour Broadway c'est de la mauvaise foi, c'est juste parce que j'aime pas vraiment Sondheim). Et puis ils ont pour eux ce capital sympathie probablement dû au fait qu'ils soient bénévoles et ne jouent que par passion et avec talent (sachant faire face à des incidents techniques, comme la bande son qui lâche, avec brio) un spectacle qu'ils ont créé (monté en 3 mois, à raison de 2 soirs par semaine, pas mal quand même). Pour jouer les stars, ponctuellement.
J'ai du mal à savoir si mon avis est objectif. Il ne l'est peut-être même pas du tout. C'est peut-être mieux? Parce que je sais bien que si je n'avais pointé que du négatif, vous vous seriez dit que je n'étais rien qu'une jalouse.
Et ça aurait été vrai.
P.S: Aucune nouvelle date n'est programmée pour le moment, en revanche un DVD sort bientôt. Plus d'informations sur http://www.lederniertsar.com/